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Devrons-nous renoncer au café éthiopien ?

L’Éthiopie, berceau du café, fait face à une nouvelle réglementation de l’UE contre la déforestation mondiale, prenant effet le 1er janvier 2025. Les importateurs devront prouver, par des données satellitaires et des coordonnées géographiques, que leurs chaînes d’approvisionnement ne contribuent pas à la déforestation. Bien que ciblant principalement le soja et l’huile de palme, cette loi impactera aussi le café éthiopien.

Un défi considérable pour les petits producteurs

Dans les régions de Kaffa et du Sud de l’Éthiopie, où le café est cultivé depuis des siècles, cette nouvelle exigence pose de nombreuses problématiques. Les cinq millions de petits producteurs doivent désormais fournir des relevés géographiques précis, une tâche compliquée par la faible couverture Internet, l’absence de cadastre et les fréquents conflits fonciers. D’après des diplomates et exportateurs éthiopiens, il pourrait falloir jusqu’à cinq ans pour se conformer aux nouvelles normes européennes.

Une menace pour l’économie caféière éthiopienne

L’impact potentiel de cette réglementation est préoccupant. Bien que la culture du café en Éthiopie soit généralement respectueuse des forêts, les exportations vers l’Europe pourraient chuter drastiquement en raison de l’incapacité des producteurs à fournir les informations requises. Certains acheteurs se tournent déjà vers des pays comme le Brésil, où la traçabilité est plus facilement assurée.

Le café est une ressource vitale pour l’Éthiopie. Elle représente 37 % des recettes d’exportation et constituant la première source de devises étrangères. Perdre l’accès au marché européen serait catastrophique pour un pays déjà en proie à une crise économique.

Une lueur d’espoir ?

Une solution technologique pourrait émerger grâce à JDE Peet’s, un torréfacteur néerlandais, qui développe un système combinant images satellitaires et intelligence artificielle pour identifier les zones de production conformes aux normes avant 2020. Ce dispositif pourrait permettre à l’Éthiopie d’éviter les relevés manuels laborieux et de maintenir ses exportations vers l’Europe. Toutefois, l’adoption de cette technologie par les autorités européennes reste incertaine.

Par ailleurs, une étude récente publiée dans Nature Plants avertit que 60 % des zones de production de café en Éthiopie pourraient disparaître d’ici la fin du siècle en raison du réchauffement climatique. Une autre solution viable serait la délocalisation de la production vers des régions plus élevées, mais elle nécessiterait des investissements considérables.

Vers un avenir incertain…

L’Éthiopie, confrontée à la fois aux défis réglementaires européens et aux menaces climatiques, doit rapidement adapter sa filière café pour préserver son rôle crucial dans l’économie nationale. La coopération internationale et l’innovation technologique seront essentielles pour assurer un avenir durable à cette culture emblématique. Les producteurs de café éthiopiens se trouvent à un carrefour, et leur capacité à surmonter ces obstacles déterminera leur survie dans un marché mondial de plus en plus exigeant.

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